Sager et al. [2013] publient des éléments démontrant que le massif sous-marin du Tamu, à 1500 km des côtes japonaises, est en réalité un supervolcan éteint dont la superficie n'est égalée par aucun autre volcan terrestre connu.


Terra Incognita

Bien sûr, on a encore à l'esprit la découverte relatée la semaine dernière dans ce blog d'un des plus grands canyons terrestres sous les glaces du Groenland [Bamber et al., 2013]. Aujourd'hui, une équipe internationale annonce la découverte du volcan le plus large de la planète (~ 300.000 km²) dans l'océan Pacifique, au large des côtes japonaises. Au regard des surprises que peut encore nous réserver notre propre planète, on peut se demander ce qu'il reste à découvrir dans le système solaire tout entier...

Les plateaux océaniques

A près de 2000 m de fond, à 1500 km à l'Est du Japon, gît le plateau océanique de Shatsky à la confluence de trois plaques tectoniques (Pacifique-Izanagi-Farallon) (Fig.1). Les plateaux océaniques sont des structures de roches ignées dont les mécanismes de formation sont encore mal compris, principalement en raison de leur relative inaccessibilité. Leur matériel constitutif est connu pour être majoritairement mafique, mais le manque d'informations géostructurales plus précises ne permet pas de situer avec certitude leur origine dans le scénario de la tectonique des plaques. Une hypothèse à la formation des plateaux océaniques implique même des impacts météoritiques [Saunders, 2005].

Topographie du plateau océanique de Shatsky

Fig.1. Topographie du plateau océanique de Shatsky. Les lignes droites représentent les profils sismiques réalisés lors de campagnes maritimes et les points rouges sont les lieux de forage. La superficie d'Olympus Mons, représentée en bas à droite, permet de le comparer à celle du volcan du Tamu [Sager et al., 2013].

Constitutif du plateau océanique de Shatsky, le massif du Tamu, daté à 145 millions d'années, s'élève à plus de 4 kilomètres au dessus des fonds océaniques environnants et couvre une zone de 440 x 720 km (~ 300 000km²), soit similaire à la superficie d'Olympus Mons, Mars, le plus massif volcan du système solaire, mais moins haut, ce dernier atteignant plus de 20 km au dessus de sa base).

De nouveaux éléments géostructuraux

Les auteurs de l'étude ont rassemblé les données de campagnes maritimes comprenant des profils sismiques de la région et de nombreux forages sous-marins pour reconstituer une partie de la structure interne du massif du Tamu. Ils mettent ainsi en évidence plusieurs formations géologiques qui, rassemblées, sont caractéristique d'un volcan. Les forages ont également permis de détecter des fossiles caractéristiques de coquillages vivants en eaux peu profondes, suggérant que le sommet de l'édifice fleurtait auparavant avec la surface de l'océan avant de s'éroder jusqu'à 2000 m de profondeur. Un indice montrant que le volcan n'est probablement plus actif aujourd'hui. Ainsi, les auteurs apportent de nouveaux éléments quant à l'origine des plateaux océaniques, suggérant indirectement que d'autres supervolcans puissent se cacher dans les fonds des océans.


Bamber J.L., Martin J. Siegert, Jennifer A. Griggs, Shawn J. Marshall, and Giorgio Spada (2013). Paleofluvial Mega-Canyon Beneath the Central Greenland Ice Sheet, Science 341 (6149), 997-999. Sager, William W., Zhang Jinchang, Korenaga Jun, Sano Takashi, Koppers, Anthony A. P., Widdowson, Mike, Mahoney, John J. (2013) An immense shield volcano within the Shatsky Rise oceanic plateau, northwest Pacific Ocean, Nature Geoscience doi:10.1038/ngeo1934. Saunders, A. D. (2005) Large igneous provinces: Origin and environmental consequences, Elements 1(5), p. 259-263.

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