Liu et al. [2013] viennent de comparer les résultats d'une trentaine de modèles climatiques sur l'étendue maximale de la banquise arctique en été. Dans un scénario à hautes émissions de CO2, la banquise estivale disparaît dans les années 2054-58, alors qu'une réduction des émissions permet sa survie durant le siècle.


Les scénarios d'émissions de C02

Retenez bien ces trois lettres, RCP, pour "Representative Concentration Pathways". C'est un indicateur utilisé pour caractériser l'évolution des concentrations de C02 dans l'atmosphère terrestre au cours du XXIème siècle [Meinshausen et al., 2011]. Il existe plusieurs RCP. Par exemple, RCP4.5 est relatif à un scénario de réduction modérée des émissions de C02 provenant de l'activité humaine, alors que RCP8.5 représente une croissance des émissions similaires à ce que l'on a connu durant les 30 dernières années (Fig. 1). Les différentes études estimant l'impact de nos émissions à effet de serre à court terme, utilisent le RCP comme une donnée en entrée afin d'établir le résultat de plusieurs scénarios sur notre propre environnement.

Sensibilité de la banquise arctique

Des chercheurs viennent de compulser une trentaine de modèles décrivant l'extension de la banquise arctique (i.e. la glace de mer) au mois de septembre de chaque année. C'est la période durant laquelle la banquise est à son minimum d'extension et représente un bon indicateur de l'impact du réchauffement climatique. Les modèles ont tous été choisis pour leur bonne reproduction de l'évolution de la banquise entre 1979 et aujourd'hui. L'étude montre que sous un scénario RCP8.5, c-à-d sans politique de réduction des émissions de CO2, La plupart de ces modèles convergent vers la disparition complète de la banquise estivale entre 2054 et 2058, alors qu'avec un RCP4.5 celle-çi perdure (bien que considérablement réduite) durant tout le courant du siècle.

On sait déjà que la banquise, sensible aux températures océaniques et atmosphériques, se réduit. Mais au delà de ça, ce sont les échelles de temps fournies par cette étude, mais aussi par beaucoup d'autres, qui doivent nous donner à réfléchir. Elles montrent que si, aujourd'hui, des efforts sont entrepris pour réduire nos émissions de CO2, les résultats sur notre environnement seront sensibles au cours de ce siècle. Au contraire, si nous ne faisons rien, c'est la génération des années 2050, c'est à dire nos propres enfants, qui sera affectée.

L'extension de la banquise peut être suivie en temps réel sur le site de la NSIDC (National Ice and Snow Data Center) : http://nsidc.org/arcticseaicenews/


Liu J., Song M., Horton R.M., Hu Y. (2013) Reducing spread in climate model projections of a september ice free Arctic, Pro. of the National Acad. of Sci. of the United States of Am. 31, 12571-12576. Meinshausen M., Smith S.J., Calvin K., Daniel J.S., Kainuma M.L.T., Lamarque J-F., Matsumoto K., Montzka S.A., Raper S.C.B., Riahi K., Thomson A., Velders G.J.M., Vuuren D.P.P. (2011). The RCP greenhouse gas concentrations and their extensions from 1765 to 2300. Climatic Change Volume 109, Issue 1-2, pp 213-241.

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